jeudi 21 janvier 2010

Parler de voyage quand Haïti se débat pour survivre

Les événements soudains et catastrophiques nous rappellent régulièrement combien notre quotidien est confortable par rapport à celui de millions de terriens mais soulignent également la précarité de notre présence sur cette terre... d'une minute à l'autre la mort peut être là.

Alors, parler de voyage et de rêve pourrait être tout à fait obscène et déplacé alors que notre action pourrait être tournée vers ceux qui souffrent...

Mais pourquoi ne pas faire les deux ?

N'est-ce pas parce qu'on arrive à se ressourcer et prendre de l'énergie dans la découverte du monde, la vue du beau mais parfois du malheur aussi, l'écoute de ceux qui sont différents en d'autres lieux que nous arrivons justement à accompagner, tous les autres jours de l'année ceux qui souffrent près de nous ?
Souvent, ceux qui critiqueront nos voyages sont les premiers qui, certe, ne voyagent pas mais n'ont pas non plus d'action quotidienne bienveillante à leur actif.
Nous avons la chance de pouvoir maintenant voyager, de faire découvrir modestement à ceux qui le désirent, des lieux, des personnes, des histoires de pays qui enrichiront notre curiosité des autres et nous sensibiliserons aux autres cultures. Mais notre quotidien est également, à notre petite échelle, fait d'actions concrêtes et sincères auprès de ceux qui n'ont pas notre chance. Mais devons nous vraiment apporter des justificatifs pour avoir le droit de voyager ?

Certe, j'ai fais une pause dans ce blog ces derniers jours. Nous nous sommes inquiétées avec une amie sur le sort de sa soeur (et sa famille) qui travaillent dans le batiment de l'ONU de Port au prince, nous avons suivi les actions à entreprendre avec l'association CARE que nous soutenons tous les mois depuis des années pour son action à Haiti en particulier.. mais tout en restant vigilantes à ce que nous pourrions faire pour Haïti aujourd'hui et la Somalie demain etc..., nous allons poursuivre ce modeste blog.
Nous n'irions pas nous baigner dans une baie de Haiti comme les touristes d'un bateau de croisière américain qui, il y a 2 jours, a mouillé à quelques kilomètres de Port au prince pour laisser ses passagers barboter dans les eaux turquoises de ce pays vivant le chaos...mais, sommes nous certaines qu'en croisant les riverains du Nil quand nous le descendrons en bateau, nous ne serons pas un peu décalées, même avec toutes nos meilleures intentions du monde !
Le débat pourrait être vif, chacun y allant de ses arguments tous aussi percutants et judicieux les uns que les autres... Comme l'objet de ce blog n'est cependant pas d'ouvrir une tribune sur le sujet, je pense pour ma part, que tout est question d'état d'esprit au départ, de posture... Si on voyage en manifestant du respect pour les personnes rencontrées, les lieux visités, avec une attitude d'écoute et une curiosité sincère de l'autre, il me semble que c'est déjà "ok".



© Yann Arthus-Bertrand / Vu du ciel - Montagnes pelées au nord de la ville de Comendador, à la frontière de la République dominicaine, Haïti (19°08’ N - 71°44’ O).



Première colonie établie par Christophe Colomb en 1492, l’île d’Hispaniola fut longtemps surnommée la « perle des Antilles ». Les plantations (sucre, café, indigo, épices…) y étaient diverses et nombreuses, la terre était fertile et la forêt couvrait la majeure partie du territoire. Officiellement séparées en 1844, la République dominicaine et la république d’Haïti vont connaître des destins très différents. Cette dernière, victime de coups d’État et de dictatures successives, sombre progressivement dans une misère extrême, incompatible avec toute préoccupation environnementale. Afin de s’approvisionner en charbon de bois pour la cuisine, la population croissante déboise systématiquement les forêts, qui ne couvrent plus aujourd’hui que 1,4 % du territoire. Les sols ainsi mis à nu, lessivés par les violentes averses tropicales, s’érodent et se dégradent. Face à ce cercle vicieux difficile à rompre, la pauvreté et la pression démographique sont à la fois les causes et les conséquences de la déforestation sauvage.

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